Les Choux de Créteil, les cités-jardins ou encore l’architecture originale de Renaudie à Ivry-Sur-Seine renouvellent totalement le paysage urbain du Val-de-Marne.

Le Nouveau Créteil : une grande opération d’urbanisme

A partir de 1968, la ville de Créteil renouvelle sa ville avec des constructions cohérentes en matière de logements, d’activités et d’équipements. Cette nouvelle ville concerne 800 hectares d’anciennes carrières aux alentours du vieux Créteil. La réflexion autour d’une architecture innovante amène à la volonté de séparer les voitures et les piétons.

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Immeuble de Créteil (choux) signé Gerard Grandval © CDT94/D.Thierry

Un projet d’architecture moderne marque aujourd’hui cette période. Au sud du Palais de Justice, les architectes Gérard Grandval et Louis Hoym de Marien ont dessiné une architecture de type végétale avec des tours habillées de corolles en béton moulé formant des balcons. De l’extérieur, deux appartements correspondent à un pétale. Peu à peu on donnera pour nom à ces structures particulières de 15 étages les « choux », faisant référence à un chou-fleur en raison des balcons. Le projet recevra le label « Patrimoine du XXe siècle » du ministère de la Culture le 16 décembre 2008.

Le quartier de la BNF : le renouveau de l’est de Paris

Sur 2 km le long de la Seine entre la gare d’Austerlitz et le périphérique, un nouveau quartier moderne voit le jour. Le but est de créer un espace vivant au-dessus des anciennes voies de chemin de fer de la gare d’Austerlitz notamment avec une grande avenue, l’avenue de France.

Le plan, achevé en 1997, consiste en la destruction de plusieurs bâtiments anciens sauf certains qui seront conservés comme les entrepôts frigorifiques, la verrière de la gare d’Austerlitz et les Grands moulins de Paris. De plus, une passerelle piétonne sera réalisée entre le Parc de Bercy à la Bibliothèque de France ainsi que la Bibliothèque nationale de France et deux quartiers d’habitations en bord de Seine : la passerelle Simone de Beauvoir. Ces deux quartiers d’habitations ont la particularité d’être des îlots ouverts, c’est-à-dire des bâtiments sur rues mais avec un point central qui est un jardin intérieur collectif à tous les habitants. La disposition des appartements est réfléchie en fonction de l’exposition au soleil. Ce plan d’aménagement basé sur l’architecture moderne et contemporaine est sous la direction de Christian de Portzamparc.

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Passerelle piétonne de la Bibliotheque Nationale de France (BNF) © Bernard Sallet

En ce qui concerne la Bibliothèque nationale de France, elle a été conçue selon les principes de l’architecture contemporaine et elle est le premier bâtiment à utiliser le métal tissé comme décoration intérieure. La bibliothèque, conçue par l’architecte Dominique Perrault, se découpe en quatre grandes tours angulaires de verre prenant la forme de quatre livres ouverts et organisées autour d’un socle qui est la plateforme horizontale de l’esplanade.

Pour approfondir et mieux découvrir ces nouveaux quartiers en mutation, Val-de-Marne Tourisme & Loisirs propose des visites et balades des quartiers de l’Est Parisien (Bercy, BNF) mais aussi du 13ème arrondissement de la Buttes aux Cailles à l’Indochinatown.

L’architecture originale de Renaudie à Ivry-Sur-Seine

La pression urbaine pousse à revalorisation des logements existants qui sont inadaptés. Des bâtiments collectifs sont peu à peu insérés au sein des villes avec des logements en accord avec les équipements urbains et le confort nécessaire. Cette période des années 1960-1970 apparaît comme une modernisation des villes que ce soit en termes d’habitat mais aussi en espaces verts et en stationnement. Parmi les grandes rénovations de centre-ville, on retient Ivry-sur-Seine avec notamment l’architecte Jean Renaudie qui a fait de la ville un lieu d’expérimentation architecturale et urbaine. Il souhaite installer des équipements modernes pouvant répondre aux besoins du logement. La rénovation concerne 17 hectares de la ville et démarre en 1963. Seront construits des logements sociaux, des équipements, des commerces, des axes de circulation automobile le but étant de relancer le dynamisme de la ville et le commerce. L’architecte choisit de construire à l’horizontale et à la verticale et refuse la forme architecturale de l’angle droit qui symbolise pour lui l’ordre et l’entassement.

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Cité Maurice Thorez d’Ivry-sur-Seine © CDT94/M.Jestin

Parmi toutes ces réalisations, on retrouve l’opération Danièle-Casanova de 1972, qui est la première réalisation de Jean Renaudie et qui intègre la mixité des activités et des terrasses plantées pour la plupart des logements. L’opération Jeanne-Hachette de 1972 également, regroupe un ensemble de 40 logements ainsi que des commerces et équipements collectifs distribués sur plusieurs niveaux. Les appartements sont en décroissant vers l’étage supérieur ce qui donne sa forme pyramidale. On peut ajouter également l’opération de la Cité du Parc, l’opération Einstein et Le Liégat.

Des logements ouvriers aux HLM

L’habitat Patronal

La croissance industrielle engendre des mouvements de populations et en particulier des ouvriers qui devront être logés à proximité du lieu de travail. Ainsi, la France développe un premier type d’habitat social qui est l’habitat patronal. Il se manifeste dans la mise en place de cités ouvrières que ce soit des maisons individuelles ou des immeubles. La hiérarchie de l’usine détermine la distribution des logements notamment sur la superficie : les plus grands logements sont réservés aux emplois supérieurs. De plus, les ouvriers contremaîtres et employés vivent dans des immeubles bien distincts. Les maisons ouvrières, elles, sont formées par deux appartements symétriques accompagnés d’un jardin. On retient la cité ouvrière de la manufacture d’orgues Alexandre de 1860 à Ivry-Sur-Seine qui était constituée de trente-huit logements d’ouvriers répartis dans des maisons. De même, au début du XXème siècle, la cité ouvrière de la fabrique de caoutchouc Le Renard à Alfortville s’installe et se compose de petites maisons carrées en brique sur deux niveaux. En ce qui concerne les plus grands immeubles, l’immeuble de la faïencerie Boulenger à Choisy-Le-Roi construit en 1930 est significatif avec une disposition particulière des logements qui varie en fonction de la hiérarchisation des employés. Sur les deux derniers étages, le corps en brique rouge est réservé aux cadres alors que sur les étages inférieurs, le corps en moellons de calcaire est affecté aux ouvriers. La superficie n’est pas la même et le confort aussi : les cadres disposent d’un ascenseur et d’une salle de bain.

Les Cités Jardins

Au début du XIXe siècle, de nombreuses cités-jardins sont construites en Ile-de-France afin de résoudre le problème de logement de la capitale. Le Val-de-Marne compte plusieurs cités-jardins : Champigny-sur-Marne, Arcueil, Créteil, Vitry-sur-Seine, Orly et Villeneuve-Saint-Georges. Le département accueille l’une des premières réalisations de cité jardin suite à un engagement ambitieux en faveur du logement social. C’est Henri Sellier qui, à partir de 1919 et à travers l’Office Public d’HBM, établit avec l’aide d’architectes un programme de création de nouvelles zones d’habitations reliées au centre de Paris par des axes de circulation. Les cités-jardins ont été conçues afin de répondre aux besoins quotidiens des habitants : du logement à l’éducation, en passant par la santé, les loisirs, la culture, les commerces. Et bien entendu, les jardins pour cultiver son bout de terre.

L’idée de cité jardin est donc retenue et la première à voir le jour est celle d’Arcueil en 1921 composée de 228 logements de 150 à 250 m² avec jardins et équipements collectifs à disposition (espaces de sports, écoles). La disposition particulière des cités consiste à une voie principale de desserte sur laquelle s’ajoute des impasses et voies secondaires qui desservent l’arrière des jardins privatifs. La cité Jardin du quartier des gros à Cachan voit le jour en 1921. Elle ne cessera de s’agrandir jusqu’en 1930 où on comptera près de 330 logements avec un jardin de 150 à 250 m². Ainsi, entre 1921 et 1939, près de quinze cités-jardins sont construites autour de Paris en partie composées d’habitats individuel mais peu à peu des habitats collectifs prennent place.

En 1936, la cité-jardin du Bas-du-Rû de Champigny-sur-Marne construite par les architectes Pelletier et Tesseire est une des plus importante. Elle s’étend sur près de douze hectares et compte 1054 logements en immeuble collectifs de 3 et 4 étages. A cela s’ajoutent des logements individuels en périphérie et au cœur de la cité. Elle offre à tous ces habitants un confort (chaque logement dispose d’une salle de bain et d’un chauffage). L’architecture est adaptée à chaque fonction : pierre et béton pour la façade des collectifs et brique et béton pour les maisons qui adoptent un style villageois avec des porches, des arches dans des compositions symétriques. La cité dispose également de nombreux équipements collectifs comme un théâtre, une école, des boutiques, tous regroupés au cœur.

Les cités jardins sont encore significatives aujourd’hui dans la morphologie urbaine et servent de référence urbanistique.

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Cité jardin de Champigny-sur-Marne © Office de tourisme de Champigny-sur-Marne

Dans le cadre des Journées du Patrimoine, du Printemps des Cités Jardins ou ponctuellement, la cité Jardin de Champigny-sur-Marne se visite.

Par ailleurs, un parcours de visite géolocalisé et une brochure sont notamment mis à disposition pour faire la visite de manière autonome.

L’Association régionale des Cité-jardins d’Ile-de-France a pour objectif de préserver, de valoriser et de promouvoir ce patrimoine commun à plusieurs collectivités et territoires franciliens.

Elle regroupe non seulement des collectivités (Villes, Départements, territoires), des bailleurs sociaux comme Valophis Habitat en Val-de-Marne mais aussi des écoles et universités, des opérateurs touristiques comme le Comité Départemental du Tourisme du Val-de-Marne, amis aussi des habitants.

Retrouvez toutes les informations sur la Cité Jardin de Champigny-sur-Marne sur le site Internet de l’association francilienne.

Les Habitations à Bon Marché

Au lendemain de la première guerre mondiale, les conditions économiques appellent à la nécessité de construire des logements sociaux et notamment leur prise en charge par la collectivité. Cela va passer par des mesures de financements permettant aux maîtres d’ouvrages privés ou publiques de réaliser des logements sociaux qui ne seront pas seulement destinés à la classe ouvrière mais aussi aux employés et aux couches moyennes. La Loi Loucheur par exemple, instaure en 1928 des aides pour 500 000 logements sur 10 ans. Ces logements répondront à tous les critères en termes d’hygiène, de confort et d’architecture. La production de logements s’oriente ainsi vers le collectif, plus économique que les cités jardins. De nombreuses HBM seront construites sur le Val-De-Marne, on peut citer l’HBM Henri Sellier de Charenton remplaçant l’emplacement du Château des Conflans édifié par l’OPHBM de la Seine en 1936. Près de 600 logements sont disposées dans des immeubles collectifs en briques rouges en bordure du quai de Bercy. Entre 1929 et 1935, à Maisons-Alfort, l’OPHDS fait construire par André Dubreuil et Roger Hummel 539 logements qui formeront le square Dufourmantelle.

A Ivry-sur-Seine, l’office municipal d’HBM est créé en 1927 ce qui permet la construction de plusieurs ensembles comme la cité de l’Insurrection construite vers 1928 par Louis Chevalier avec 278 logements. Les immeubles sont alignés sur rue et sont constitués de grands immeubles à 6 étages avec des cours semi-ouvertes pour l’ensoleillement et la ventilation. Elle comprenait des douches collectives et un chauffage central. Pour la cité Marat-Robespierre de Henri et Robert Chevalier construite en 1936 avec environ 600 logements, on y trouve des immeubles posés en parallèles avec une façade en briques et béton sur rue assurée par des socles continus qui accueillent commerces et équipements.

Les solutions alternatives

A la suite de la seconde guerre mondiale, le besoin en logement est critique en France en raison de la destruction de près de 500 000 logements au cours des combats. L’insalubrité s’ajoute à cela. Malgré les aides de l’Etat, la demande de logements est bien trop importante et certaines associations interviennent ainsi dans leurs constructions. Emmaüs, par exemple, s’intéresse à la construction de logements pour les plus pauvres et ouvrent des cités dites de « transit ». Ces lieux sont destinés aux populations à reloger et ont un coût plus réduit que les HLM. Pour exemple, la Cité de la Joie au Plessis-Trévise crée en 1954 par l’initiative d’Emmaüs est une des premières cités d’urgence en aide aux plus démunis. Le terrain, acquis grâce à des dons, était constitué de près de vingt immeubles collectifs et cinquante pavillons. Aujourd’hui, elle existe toujours mais a subi un véritable renouvellement de façade : les logements sont réhabilités et remplacés par des maisons locatives.

A Fresnes et dans le même esprit, l’association des Castors créée en 1955 réalise la construction de 800 logements en immeubles collectifs et de 30 pavillons individuels. Pour obtenir un des logements il fallait fournir le nombre d’heure de travail en échange : 600 heures pour un appartement et 1200 pour un pavillon.

L’écomusée du Val-de-Bièvre à Fresnes traite de tous ces sujets autour de ce territoire de banlieue, des problématiques d’urbanisation et des conditions de vie des habitants, hier et aujourd’hui. La particularité de cet écomusée est qu’il implique les habitants dans la construction des différentes expositions et les fait donc participer à la constitution du patrimoine et de la mémoire de ce territoire.

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Écomusée du Val de Bièvre à Fresnes © CDT94/D.Adam

Les Grands Ensembles

Afin de répondre aux besoins du logement post-guerre et suite au mouvement international marqué par la « Charte d’Athènes » en 1943, il faut adapter les besoins en construction. Les grands ensembles apparaissent comme une solution notamment pour les bidonvilles et les problèmes sanitaires. Ainsi, l’afflux des migrants et les déplacements nombreux de la population rurale vers les villes les amènent à loger dans des bidonvilles et dans des conditions extrêmement difficiles. Le bidonville de Champigny est un bon exemple avec près de 10 000 habitants. En 1956, 231 000 logements seront construits en France qui s’ajoute eux 219 000 de l’année précédente. Les constructions sont rapides et répétitives et permettent de loger le plus grand nombre de personnes en peu de temps.

A Créteil, le Mont-Mesly de l’architecte Gustave Stoskopf est une des plus grosses opérations concernant les grands ensembles. En 1957, une première phase a permis de réaliser 3 300 logements en bordure de la RN19, suivie d’une deuxième phase avec 2 600 logements. Les immeubles atteignent 10, 17 et 31 étages et sont disposées sur la partie Nord-Ouest. Au Sud-Est, des bâtiments collectifs de 4 étages seulement et des maisons individuelles bordent les espaces ruraux. La cité s’accompagne d’équipements collectifs et publics. Dans le même mouvement, Le Bois-l’Abbé à Champigny-sur-Marne voit le jour en 1968 grâce aux architectes Delacroix, Delage, Le Maresquier et Tambuté. C’est une opération de 2 700 logements et d’équipements publics et commerciaux. Une tour de 277 logements et des grands immeubles caractérisent le paysage. Tous les immeubles sont bâtis en béton.

On peut citer également la cité du Chaperon Vert de 1958 à Arcueil-Gentilly avec 1600 logements et la Cité des Sorbiers à Chevilly La Rue de 1955 avec 1200 logements, tous réparties en grands immeubles collectifs.