Nicolas Lefebvre est aujourd’hui directeur de l’Office du Tourisme et des Congrès de Paris (OTCP). L’établissement est un des signataires du contrat de destination « Paris, la ville augmentée » avec les Comités Départementaux du Tourisme des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne.
Le projet est également soutenu par la RATP, le Welcome City Lab (l’incubateur de start-ups tourisme de la ville de Paris) et l’Institut de Recherche et d’Etudes Supérieures du Tourisme (IREST) de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Alors que le contrat de destination a été signé le 4 février 2016, nous avons parlé avec lui de la relation particulière que la ville de Paris entretient avec sa banlieue en matière de tourisme.
L’OTCP a déjà travaillé avec la petite couronne. Comment est venue l’idée de ce contrat de destination ?
A l’origine de ce contrat de destination, il y a une prise de conscience collective des quatre territoires de Paris et de la petite couronne. Quand le gouvernement a mis cet outil sur la table, cela nous a paru presque une évidence de s’en servir pour structurer un certain nombre d’actions en commun. La question que l’on se pose c’est : comment élargir le territoire touristique parisien aux arrondissements périphériques et à la petite couronne ?
L’idée principale autour de ce contrat de destination, c’est donc un changement d’image de Paris et de sa banlieue. A quelle cible est destiné ce changement ?
C’est une question qui fait débat entre nous. Les européens forment la cible principale, parmi lesquels il ne faut pas oublier les français non-franciliens. Au sein de cette cible, on pense particulièrement aux jeunes jusqu’à 30-35 ans. Mais ce n’est pas exclusif : on vise aussi les adultes et les seniors.
Comment les cinq thèmes [la nature en ville, l’art contemporain, la nuit, l’art dans la rue, la ville-monde] ont été définis par les territoires ?
C’est un processus d’élaboration collectif. Quand on crée un groupe avec des partenaires, on ne part pas de zéro. Chacun arrive avec sa vision, son histoire, son expérience, son ambition, ses objectifs… Par exemple, Val-de-Marne Tourisme & Loisirs a beaucoup d’idées sur l’art dans la ville ou les balades urbaines alors que Hauts-de-Seine Tourisme a porté très tôt la question des espaces verts et de la nature en ville. Ces cinq thèmes sont venus assez naturellement parce qu’ils illustraient assez bien les nouvelles offres que l’on voulait mettre en avant. Il y en aura sans doute d’autres que nous choisirons ensemble.
Quelles sont les méthodes développées pour aboutir à une coopération entre tous les acteurs territoriaux ?
On a mis en place plusieurs dispositifs qui fonctionnent en parallèle. Ceux-ci vont nous permettre de produire des actions dans le domaine des études, de la commercialisation, de la structuration de l’offre et de l’information, de la communication, de la promotion… Les premiers points d’applications ont commencé à apparaitre, comme le plan-guide de l’Office du Tourisme dont nous voulions faire évoluer la vision de Paris en incluant plus de lieux touristiques de la petite couronne.
Est-ce qu’on pourrait envisager la création d’une plateforme internet commune ?
Il vaut mieux capitaliser sur l’audience que l’on a déjà. Enrichir le contenu existant sur les thèmes que l’on veut développer.
Il y a un autre contrat de destination, « Normandie –Île-de-France : destination Impressionnisme » qui intègre les Hauts-de-Seine, les Yvelines et la Normandie. Pourquoi l’OTCP n’est pas signataire de ce contrat-là ?
C’est un thème qui a toute sa pertinence car c’est un des grands atouts touristiques des régions Ile-de-France et Normandie. Il y a des acteurs nombreux et puissants autour de la table de ce contrat de destination, y compris parisiens puisqu’il y a le Musée d’Orsay ou le Syndicat d’Initiative de Montmartre. L’OTCP ayant des moyens limités, nous devons faire des choix et nous avons donné la priorité au contrat de destination « Paris, la ville augmentée » qui est plus au cœur de nos objectifs du moment.
Comment vous positionnez-vous sur ces différentes réformes territoriales que vous ne maitrisez pas et à votre avis quelle est la bonne échelle pour parler de tourisme parisien ?
Je suis très convaincu par la dimension métropolitaine dans le cas du tourisme. Je pense que Paris a tout intérêt à élargir son périmètre touristique. Le contrat de destination est une réponse à cette problématique. Nous avons tous fait le constat qu’en matière de tourisme, soit on parle de l’hyper-centre de la ville qu’il faut contribuer à désaturer, soit on aborde les pratiques touristiques de l’ère urbaine qui constitue un territoire beaucoup plus étendu que la ville de Paris. C’est ce qu’on retrouve quand on regarde Londres, Berlin ou Madrid. Dans ces grandes villes européennes, on a des ensembles qui sont organisés en métropole.
Comment vous vous positionnez sur un éventuel rapprochement entre le Comité Régional du Tourisme et l’Office du Tourisme ?
Je suis partisan d’un rapprochement. Il y a une histoire d’une certaine confrontation qui n’est pas saine. On doit respecter deux visions qui sont toutes deux utiles et pertinentes : une vision urbaine qui est portée par l’OTCP et une vision régionale incluant la grande couronne qui est portée par le CRT. On peut le faire en mutualisant mieux les moyens et en développant des pratiques plus collaboratives que compétitives.
Comment travaillez-vous avec la banlieue sur les grands évènements qui ont une aire d’influence plus large que Paris, qu’ils soient sportifs ou professionnels ?
C’est quelque chose qui nous est assez familier. Sur les évènements professionnels qui nous occupent presque quotidiennement, nous pensons spontanément à cette échelle-là. Les grands salons et les grands congrès ont lieu sur des territoires qui vont au-delà du périmètre de Paris comme Villepinte, le Bourget ou La Défense. Si on parle de grands évènements comme les Jeux Olympiques et l’Exposition Universelle, l’OTCP est assez peu impliqué parce qu’on est encore au stade de la candidature. Si Paris est retenue, nous participerons à une organisation collégiale comme on l’a fait pour la Cop 21 et comme on va le faire pour l’Euro 2016. Nous travaillons ainsi étroitement avec la Seine-Saint-Denis et notamment Plaine Commune, le territoire qui abrite le Stade de France, l’autre stade de l’aire parisienne avec le Parc des Princes.
Propos recueillis par Thomas Guillot le 16/02/16 pour Val de Marne Tourisme et Loisirs
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