Paul-Hervé Lavessière est auteur du livre La Révolution de Paris, récit d’un voyage de six jours à pied en petite couronne, entre Saint-Denis, Créteil et Versailles, le long d’un itinéraire préparé à l’avance, un Sentier Métropolitain de 130 kilomètres.
L’auteur marche en compagnie de son éditeur complice, Baptiste Lanaspeze, fondateur des éditions Wildroject. Chaque année, l’association éponyme collabore avec les Comités Départementaux du Tourisme et les Comités Départementaux de Randonnée Pédestre de petite couronne pour organiser des randonnées culturelles sur différentes portions de cette Révolution de Paris. Pour la troisième édition, le 16 avril, celle-ci part de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) pour finir à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) en traversant huit lieux-étapes à visiter et à découvrir.
Comment avez-vous eu cette idée de faire le tour de Paris, par sa banlieue et à pied ?
Ce projet est né grâce à l’expérience du GR2013, le premier sentier métropolitain qui avait été créé quand Marseille était capitale européenne de la culture. La rencontre avec l’éditeur Baptiste Lanaspeze qui avait initié ce GR2013, a poussé l’aventure un petit peu plus loin. C’est devenu un livre, un récit de voyage et un sentier qui continue d’exister aujourd’hui.
Comment avez-vous décidé d’organiser des marches chaque année ?
Suite à la rencontre avec Hélène Sallet-Lavorel, directrice de Val-de-Marne Tourisme & Loisirs, à la sortie du livre au Pavillon de l’Arsenal en 2014, on a eu tout de suite envie d’un projet populaire autour de ce sentier avec les Comités Départementaux du Tourisme. La première marche a eu lieu seulement quelques mois après entre Gennevilliers et Saint-Denis. C’est la troisième édition cette année.
Cette année, pour la première fois, ce n’est pas un bout du sentier que vous avez créé en 2014.
On ne cherche pas à fétichiser un sentier qui a été créé par quelqu’un qui n’avait jamais vécu à Paris. L’idée de cette année est de faire du hors-piste tout en gardant l’esprit : aller dans les quartiers, relier des bouts de patrimoine et de vie urbaine dans le Grand Paris.
Qui définit le tracé ?
On travaille avec les différents Comités Départementaux de Randonnée Pédestre qui ont une bonne connaissance du terrain. On a décidé du parcours tous ensemble autour d’une table. Les contraintes de distance, de points de chute, d’accès aux transports en commun font qu’on arrive vite à un consensus.
Qui choisit les lieux culturels qui participent ?
Mon truc, c’est de dessiner des sentiers. Je pense que c’est plus légitime que ce soit le travail des Comités du Tourisme de mettre en valeur les lieux du territoire. Il est arrivé que l’on fasse dévier le tracé d’une rue ou deux pour montrer un centre culturel qui valait le détour.
Vous n’êtes pas parisien, comme vous l’avez dit plusieurs fois, comment avez-vous vécu cette découverte d’une banlieue que vous ne connaissiez pas du tout ?
Mes parents étaient banlieusards. Ils ont vécu au Drancy, à Créteil et au Raincy. Même si j’ai grandi en Charente, j’avais un imaginaire sur la banlieue comme tous les petits français qui écoutaient NTM à la la radio ou qui regardaient la télé. La première fois que j’ai marché entre Saint-Denis et Montreuil, c’était une révélation. J’y retourne aussi souvent que je peux pour revivre cette ambiance métropolitaine, multiculturelle, ouverte. Il y a vraiment une impression de voyage et de liberté dans des paysages ordinaires.
Est-ce que vous ressentez l’envie de marcher à nouveau sur ce sentier métropolitain ?
Si j’ai une conférence à Villetaneuse, je vais en profiter pour dormir à l’autre bout de la ligne de tram et me refaire une petite balade à l’occasion. On arrête jamais de faire du repérage avec Baptiste parce qu’on a d’autres projets sur le Grand Paris.
Avez-vous pensé à exporter le projet dans une autre ville ?
Sur Paris, on a créé l’association Révolution de Paris qui regroupe tous les amis du projet, qui veulent animer et faire vivre le sentier. On a également créé une ONG qui s’appelle Sentiers Métropolitains qui propose des sentiers à Tunis, Avignon, Abu Dhabi, New-York et bien sûr à Marseille et à Paris.
Si jamais cette édition est encore un succès, avez-vous pensé au prochain parcours ?
Depuis trois ans, nous mettons en place des liaisons interdépartementales. La prochaine fois, on pourrait plonger plus loin dans un département. Si on continue de tourner dans le même sens, ça devrait être la Seine-Saint-Denis. J’emmènerai bien les gens vers le Raincy ou Noisy-le-Grand. Ou alors un peu plus loin, vers Enghien, Argenteuil avec la butte d’Orgemont. Ce sont des endroits que j’aime beaucoup et où je retourne souvent.
Vous serez là le 16 avril ?
Oui, bien sûr. C’est un immense plaisir à chaque fois de voir que les Comités du Tourisme et les associations de randonneurs adhérent à ce projet alors qu’on avait sorti ce livre, un éditeur et un auteur, sans aucune permission comme deux indépendants. Nous ne nous y attendions pas.
L’année dernière, il y avait 750 participants…
Il y a de tout : plein de jeunes, des papis et des mamies qui font partie des réseaux des randonneurs, mais aussi des familles avec des poussettes. C’est vraiment ça l’esprit de la marche Révolution de Paris. Certains font la randonnée à fond comme une balade de santé, d’autres sont happés par les visites et déambulent jusqu’au soir. Cette année, c’est la première fois qu’on organise la marche un samedi. On invite les participants à rester le soir à Issy pour profiter jusqu’au bout de cette journée.
Propos recueilli par Thomas Guillot le 17/03/2016
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