Avec nous, elle a abordé les futurs chantiers du Club Hôtelier comme le développement culturel du Val-de-Marne, l’accueil du public et des professionnels lors de l’Euro 2016, la concurrence des plateformes de réservation de logements ou les défis de l’hôtellerie parisienne après les attentats de novembre 2015.
Jessica Lauthier est directrice de la résidence hôtelière All Suites Orly-Rungis, installée aux abords du marché de Rungis. Elle s’occupe également des relations extérieures du Club Hôtelier du Val-de-Marne qui est invité à participer à THINK Val-de-Marne, le salon de tourisme d’affaire de Val-de-Marne Tourisme & Loisirs qui se tiendra le 18 février au Générateur de Gentilly. La structure regroupe 17 établissements hôteliers allant du deux aux quatre étoiles mais également une maison d’hôte. Le Club Hôtelier, par l’intermédiaire de Jessica Lauthier, a beaucoup à dire sur le traitement de cette clientèle spécifique dite du « tourisme d’affaires », qu’il convient de différencier de la clientèle touristique étrangère et de la clientèle « loisirs » (plutôt française).
Qu’est-ce que le salon THINK Val-de-Marne vous apporte d’abord en tant qu’hôtelière mais aussi en tant que responsable des relations extérieures du club hôtelier ?
Le Val-de-Marne a un potentiel souvent mal connu des entreprises ayant des besoins hôteliers. La zone aéroportuaire élargie d’Orly est en concurrence avec d’autres destinations françaises mais aussi franciliennes, comme la Défense ou Roissy. Participer à une action locale de manière commune, comme THINK, permet de mieux faire connaitre le département, de communiquer sur nos capacités d’hébergement mais aussi d’accueil d’évènements de plus grande ampleur.
Comment représentez-vous les intérêts de tous les hôtels adhérents du Club Hôtelier ?
Pour THINK Val-de-Marne comme à chaque salon, nous intervenons en doublon : un représentant du bureau du Club Hôtelier qui enregistre toutes les demandes pour les adhérents et un hôtelier qui représente uniquement son établissement.
Vous représentez vous-même l’hôtel All Suites ?
L’hôtel All Suites Orly-Rungis est la première résidence hôtelière francilienne du groupe Pichet, un groupe immobilier intégré familial d’origine bordelaise qui a plus de 25 ans. D’ici la fin d’année, nous ouvrirons notre deuxième établissement val-de-marnais dans le quartier du port de Choisy-le-Roi.
Quelle est la clientèle des hôteliers du Val-de-Marne ?
Au sein du Club Hôtelier, nous bénéficions d’une grande diversité d’enseignes avec des établissements indépendants comme des grandes chaines. Une diversité que l’on retrouve également dans les clientèles qu’elles soient « d’affaires » ou « de loisirs ». La spécificité de certains établissements du Club Hôtelier réside dans la clientèle MICE [En anglais : « Meetings, incentives, conferencing, exhibitions » soit tout ce qui touche au congrès, conférences, conventions mais aussi les voyages récompensant les salariés] puisque certains d’entre eux disposent d’infrastructures importantes.
Comment travaillez-vous sur une politique de développement touristique commune avec Val-de-Marne Tourisme & Loisirs ?
Notre axe de réflexion c’est « jouons local ». Le Val-de-Marne a de vrais atouts, des équipements aux transports. Nos actions communes peuvent permettre d’augmenter sa visibilité. Avec Val-de-Marne Tourisme & Loisirs, nous avons par exemple réalisé un inventaire des équipements sportifs ville par ville pour une société d’événements sportifs d’envergure internationale.
En parlant d’événement sportif, on parle beaucoup de la Seine-Saint-Denis pour l’Euro 2016. Comment le Val-de-Marne se prépare-t-il à accueillir cet événement ?
L’hébergement pour la coupe de l’UEFA a été organisé plus d’un an en amont avec l’aide d’une agence désignée pour s’occuper de réserver les hébergements des équipes officielles ainsi que les salles de réunion pour les évènements annexes à la compétition. En ce qui concerne le Val-de-Marne, vu notre distance par rapport aux lieux des matchs, nous accueillerons surtout des visiteurs et une cible professionnelle secondaire comme celle liée à la sécurité par exemple. Tout est déjà préparé en avance avec des contrats pour les groupes pour sécuriser nos chiffres d’affaires sur la période. L’impact positif de l’évènement nese fera pas sur le volume puisque nos établissements sont souvent complets sur cette période, mais sur le prix. Dans la plupart des cas nos clients qui viennent toute l’année paieront bien évidemment la même chose mais le visiteur qui se déplace spécifiquement pour cet évènement aura un tarif plus important. Dans l’hypothèse où nous n’aurons pas de nouveaux problèmes sécuritaires, cela représenterait 3% de rentabilité supplémentaire sur l’année.
Quels ont été les effets des attentats sur votre secteur ?
On part du principe que les attentats font maintenant partie du quotidien du voyageur d’affaires. Entre novembre et décembre, l’hôtel All Suites a enregistré peu de nouvelles réservations. Il y a eu quelques annulations mais surtout des reports sur le premier trimestre. La clientèle « affaires » a un besoin absolu de se déplacer, même si celle-ci fera plus attention aux mesures de sécurité. All Suites Orly Rungis travaille avec les artisans et les acheteurs du MIN de Rungis. Celui-ci continue de fonctionner quoiqu’il arrive. Le marché de l’alimentation est plutôt hermétique aux attentats.
La plus grande part de la clientèle affaires vient de Rungis ?
Le T12 [Grand-Orly Val-de-Bièvre Seine-Amont] a un fort potentiel, c’est le plus grand territoire du Grand Paris avec un grand nombre d’entreprises dans des domaines très variés. Le Club Hôtelier du Val-de-Marne vise autant les professionnels de Rungis que ceux des compagnies aériennes. Même si les avions sont plus ou moins remplis, vous avez toujours les mêmes équipages pour assurer les vols et le même staff au sol pour accueillir les clients. Le véritable impact négatif se ressent sur l’organisation des séminaires. Il y a de nombreuses annulations parce que Paris est devenue une destination « dangereuse ». La conséquence directe : les établissements dans Paris intra-muros se sont vidés, donc leurs tarifs ont baissé. En ce moment, avec un budget d’établissement aéroportuaire, vous pouvez vous offrir une prestation haut de gamme dans Paris.
Y a-t-il eu des changements dans les établissements en termes de sécurité ?
Le club hôtelier travaille très étroitement avec les services de police et a une vigilance toute particulière sur la gestion des entrées et des sorties de nos établissements. Comme dans tous les lieux recevant du public, nous avons mis en place un contrôle beaucoup plus pointu. Cela représente un coût non négligeable.
Comment le club hôtelier se prépare-t-il à l’arrivée de la Cité de la Gastronomie ?
Le club hôtelier est entré dans la discussion avec l’aide de Val-de-Marne Tourisme & Loisirs et de la Chambre du Commerce et de l’Industrie du Val-de-Marne. Un grand centre des congrès d’envergure internationale serait un vrai atout pour le département.
Peut-on coupler ambition économique et ambition culturelle ?
Au niveau culturel, le Val-de-Marne a une image positive et novatrice avec le street art, le MAC/VAL ou les différents théâtres. Les hôteliers ont aussi leur rôle à jouer. Quand les compagnies ou les équipes de tournage viennent travailler dans le Val-de-Marne, elles choisissent encore des hébergements dans Paris intra-muros. Mais le nerf de la guerre reste l’argent, surtout dans le milieu culturel. En périphérie notre atout réside dans nos grandes capacités d’accueil pour accueillir la totalité des équipes techniques et artistiques à des budgets avantageux.
Pour conclure, quelle est votre position sur Airbnb ?
C’est un point de vue personnel. Je pense qu’Airbnb ou Abritel sont des bons leviers pour développer une destination comme le Val-de-Marne. Airbnb permet d’avoir une visibilité internationale que l’on n’aurait pas les moyens de s’offrir. Les touristes qui réservent sur ces supports-là ne vont pas aller chercher de l’hôtellerie quatre étoiles. Ce sont des gens qui vont vouloir de l’espace à un tarif compétitif pour pouvoir être tous ensemble, en famille ou qui cherchent le dépaysement en cœur de ville. Aujourd’hui, vu l’environnement global, un voyageur affaires ou étranger veut être sécurisé et profiter d’un accueil 24h/24. Ce qu’Airbnb propose difficilement. Un voyageur qui réserve dans un établissement de chaîne, y va pour avoir des prestations standardisées. Il sait où est-ce qu’il va et il sait ce qu’il va trouver.
Propos recueillis par Thomas Guillot le 28/01/16 pour Val de Marne Tourisme et Loisirs
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