Vous êtes à la recherche d’activités qui peuvent vous initier à la découverte du street art ? Participez à une promenade insolite, tout en étant accompagné par un guide, pour faire un tour de la ville de Vitry dans le Val-de-Marne, et ainsi constater l’art urbain qui existe en dehors de Paris. Pour cela, rendez-vous devant la galerie municipale Jean Collet à Vitry-sur-Seine, partenaire de cette balade street art commentée « Art in the street ».
Le parcours d’une des Balades Street Art proche de Paris
Point de départ du parcours: la galerie municipale Jean Collet
Dès mon arrivée, j’en profite pour découvrir cette galerie d’art contemporain qui présente chaque année cinq expositions temporaires. L’architecture unique de l’édifice avec ses nombreuses fenêtres s’explique par le fait que le bâtiment abritait les anciens bains-douches de la ville.
Bientôt 15h et le début programmé de cette visite. Nos deux guides aujourd’hui seront Christophe, de la galerie Jean Collet, et Francis qui est membre de l’association Vitry’N Urbaine proposant cette balade Street Art.
La ville de Vitry-sur-Seine : un musée à ciel ouvert
Christophe commence par nous présenter le contexte de cette visite ainsi que l’histoire : un après-midi au détour des rues du centre-ville de Vitry-sur-Seine, l’une des villes en France les plus actives en matière de Street Art après Paris et Grenoble. Ce mouvement artistique s’y est considérablement développé en 2009 lorsque le pochoiriste C215 y installa son premier atelier de travail. Toutefois, la première création Street Art vitriote remonte à 1961 !
La particularité de la ville, c’est que les œuvres sont réalisées à la fois sur des bâtiments publics et privés. La majorité d’entre elles sont créées à l’aide de peinture : l’utilisation d’autres techniques reste peu courante, même si les collages tendent à se démocratiser davantage. De plus, le mouvement Street Art vitriot est sensiblement différent du graffiti tel qu’il a émergé à New-York durant les années 1960-1970.
Francis prend le relai et nous présente une autre caractéristique de la capitale du Street Art : sa tolérance vis-à-vis de cette pratique artistique. En effet, il y a très peu d’œuvres « sauvages », les fresques étant très souvent réalisées avec l’accord de la municipalité ou du propriétaire lorsqu’il s’agit d’un espace privé.
Il ajoute que plus de 130 œuvres Street Art parent les murs de Vitry-sur-Seine. Certaines ont été réalisées dans le cadre du « 1% culturel », appelé aussi communément « 1% artistique » : cette procédure spécifique est l’expression de la volonté publique de soutenir la création et de sensibiliser les citoyens à l’art, en commandant des œuvres à des artistes. Cependant, beaucoup d’entre elles ne rentrent pas dans ce cadre et ont été créées à l’initiative même des street-artistes.
Tout cela participe au statut si important que détient la ville de Vitry-sur-Seine par rapport au street art. L’objectif de cette balade est aussi de mettre en avant le patrimoine culturel qui s’érige en dehors de Paris.
Après cette introduction, place à la balade !
« Art in the Street » : à la découverte des œuvres vitriotes
C’est parti pour 2h30 de promenade à sillonner les rues de Vitry-sur-Seine !
Christophe nous avertit : nous ne verrons qu’une partie des œuvres, car il en existe beaucoup. Certaines œuvres, notamment celles de C215, sont même cachées et connues uniquement des initiés. Parfois, même un passant dans son quartier ne se doute pas qu’il se situe près d’un mur qui abrite l’œuvre d’un des artistes majeurs du mouvement. Une seule visite guidée ne suffit donc pas pour le tour de la capitale du street art.
Impatients de découvrir les premières œuvres, nous nous mettons en chemin, prêts à faire une découverte insolite à tout moment.
Pour débuter, nos deux guides nous emmènent à la rencontre de l’impressionnante fresque du belge Roa, dont la spécialité est la représentation en noir et blanc d’animaux. Rats, lapins, iguanes comptent parmi ses réalisations à travers le monde, et il a choisi ici de mettre en scène un oiseau.
À quelques pas, nous découvrons sur un panneau de signalisation la touche artistique du jeune artiste vitriot Avataar : ses personnages sont facilement reconnaissables à leurs gros yeux globuleux. Nous poursuivons notre chemin, et remontons l’avenue Henri Barbusse.
Le musée « où il est interdit de ne pas toucher »
Sur un mur jouxtant l’Exploradôme, une fresque de Nina, la fille de C215, apparaît et laisse également deviner une autre œuvre de l’artiste en hommage à Pierre et Marie Curie. Elle a été réalisée à la demande du « musée où il est interdit de ne pas toucher » et fait honneur aux deux scientifiques.
Au loin, une fresque d’une dizaine de mètres de haut se dresse devant nous. On ne peut pas la manquer : réalisée sur le flanc d’un mur immeuble, elle représente un guerrier Massaï. Une scène inhabituelle en pleine ville ! Nous repérerons d’autres réalisations de l’artiste lors de notre balade.
La boîte aux lettres située sur le trottoir du musée est inhabituelle. En s’approchant, nous découvrons que de nombreux portraits l’habillent : on reconnaît rapidement la signature graphique de C215. Francis, notre guide, en profite pour nous raconter une anecdote à ce sujet : le Street Art a pris une telle ampleur que certaines des œuvres, les plus petites, sont parfois dérobées pour être ensuite revendues à prix fort sur des marchés parallèles. Une déception pour les amateurs d’art urbain et les habitants, privés de ces œuvres uniques en leur genre.
La sculpture de Dubuffet « Chaufferie avec cheminée » toute proche ne laisse aucun doute : nous nous trouvons à quelques pas du MAC VAL, le premier musée d’art contemporain en banlieue parisienne.
Faisons « place » aux œuvres monumentales en plein-air
Une œuvre trône au milieu d’une cour entourée d’immeubles. Installée ici dans les années 70, personne ne se souvient de son coloris d’origine. Il s’agit d’une pièce mécanique autrefois installée dans un moteur d’avion. La particularité de cette œuvre unique en son genre : elle peut être tournée sur elle-même, à 360 degrés. Les nombreuses inscriptions qui la recouvrent, sans pour autant en atténuer l’aspect, montrent que les habitants du quartier se la sont appropriée.
À une vingtaine de mètres s’érige une autre installation, dans l’enceinte d’une crèche municipale. Sa forme et ses matériaux ont été inspirés par le bâtiment accueillant la crèche. Toutefois, sa forme est ouverte aux interprétations diverses : certains voient là un palmier, d’autres une sorte de soucoupe volante ou un personnage de science-fiction.
Des œuvres intégrées au paysage urbain
Le guide nous fait ensuite pénétrer dans la cour d’une école, pour admirer de plus près une mosaïque datant des années 1980. Très colorée, elle arbore des formes géométriques, certaines assemblées les unes aux autres, d’autres non. Difficile d’en connaître la réelle signification sans l’avis éclairé de notre guide Francis : il s’agit d’une représentation aérienne des bâtiments du quartier avoisinant l’école !
Le soleil radieux est toujours à nos côtés pour la poursuite de la balade.
Dans une ruelle, nous découvrons une autre réalisation du jeune vitriot Avataar : une Pin-Up, conçue à côté d’une autre œuvre basée à partir d’une photographie du parc national américain de Yellowstone. Deux œuvres sensiblement différentes, mais qui se sont parfaitement intégrées dans ce paysage urbain.
Nous arrivons dans une grande cour dont les murs ont été pris d’assaut par les street-artistes, après quelques minutes de marche le long de l’avenue Youri Gagarine. On découvre là la fameuse peinture murale réalisée en hommage à M. Chat, ainsi que le portrait de Christiane Taubira par C215. Alice Pasquini est à l’origine de la fresque créée au pied d’un des immeubles. Elle prend toute son ampleur une fois que la végétation fait son apparition, au printemps : la jeune fille qui y est représentée semble alors flotter sur une île de verdure. Les couleurs des nombreuses fresques habillent chacun des murs alentours, et plongent les visiteurs dans une atmosphère enchanteresse.
Puis, après avoir traversé le passage Jolliot-Curie et admiré ses nombreuses fresques, nous découvrons l’installation du CyKlop réalisée avec des élèves d’écoles primaires de la ville : de nombreux potelets repeints, qui se sont tantôt transformés en personnages, tantôt en panneaux de signalisation colorés et revisités. Leur point commun : un œil dans un coin à leur extrémité, signature du street artiste parisien.
Ouvrez l’œil, les œuvres sont partout !
Enfin, à la demande d’une personne du groupe, notre accompagnateur Francis nous dirige derrière l’église Saint-Germain située dans le centre-ville de Vitry-sur-Seine, pour y contempler une autre fresque de C215 : une religieuse dont le portrait coloré s’affiche sur l’une des portes du bâtiment. Tout près, une autre personne du groupe me fait remarquer qu’une autre réalisation de C215 se trouve sur un poteau à quelques pas seulement : une fresque du Christ, que seuls les initiés auront la chance d’admirer !
Le street art prend place dans l’entièreté de l’espace urbain. Il n’y a pas que sur un mur que les artistes sont capables de dresser leur peinture. Retenez que les arts de rue sont observables dans n’importe quel quartier d’une ville, et qu’en tant que passant, il est important de garder les yeux ouverts. En effet, on peut être surpris de se retrouver au détour d’une promenade devant une œuvre dans un coin, sur un mur ou sur du mobilier urbain. Il ne reste plus qu’à vous de rajouter à vos activités de loisirs la découverte d’œuvres street art en ville !
Notre balade touche à sa fin. Mais avant de revenir à notre point de départ, nous faisons un crochet par la place Jean Martin où se trouvent de nombreuses œuvres de C215, Alice Pasquini, ou encore Gaia.
Parmi elles, la célèbre représentation de Mona Lisa par Avataar retient d’emblée mon attention : les traits de la Joconde, bien que caricaturaux et complètement réinterprétés, ne laissent aucun doute quant à l’inspiration originelle.
On distingue également la gigantesque peinture murale « Cheese lover » de l’artiste autrichien Nychos.
Après l’effort, le réconfort !
Après avoir sillonné les rues du centre-ville de Vitry-sur-Seine, tout le groupe se retrouve autour d’une collation à la galerie municipale Jean Collet. L’occasion d’échanger nos impressions avec les guides et les participants suite à ces 2h30 de balade, riches en découvertes.
Vous l’aurez compris, cette immersion au cœur d’une des capitales mondiales du Street Art m’a permis de vivre un moment exceptionnel, de découvrir des œuvres cachées et des artistes généreux. Les deux guides, passionnés et passionnants, nous ont apporté l’histoire derrière le mouvement artistique les explications indispensables à la compréhension de cet art éphémère contemporain.
Merci à Christophe et Francis, nos guides pour cette balade Street Art !
Et vous, avez-vous déjà participé à l’une des ces balades ? Quel est votre quartier favori pour profiter des arts urbains ? Quelle est votre plus belle découverte, parmi les œuvres et les artistes en dehors de Paris? Dites-nous tout dans les commentaires ci-dessous !
Si vous souhaitez prendre part à une balade Street Art en Val-de-Marne c’est toujours possible : consultez notre site de réservation pour découvrir les prochaines dates programmées !
Consultez également l’actualité de l’association Vitry’n Urbaine sur leur page Facebook !
Commentaires
foissy linda
merci pour ce partage et cette belle balade. Savez-vous où je peux trouver des oeuvres au sol en 3 D, street painting au sol. merci.
Alexis - Le 21 juin 2021
Bonjour Linda, nous n'avons pas connaissance d'œuvres au sol en 3D pour le moment à Vitry mais vous pouvez contacter l'association Vitry'n Urbaine qui saura mieux vous renseigner. Elle en charge des balades street art à Vitry-sur-Seine. Bonne journée
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